Comment ne pas être déçu par les annonces du Premier ministre, ce jeudi 14 janvier ? Ce qui était censé être un retour, certes progressif, des étudiants dans les campus dès fin janvier se révèle n’être qu’un effet d’annonce. En effet, fin janvier, l’enseignement en présentiel sera possible pour les seuls étudiants de première année, pour les Travaux dirigés (TD) et à demi-jauge. Tant mieux pour eux ! Mais nous ne pouvons qu’exprimer notre grande déception alors que les classes préparatoires, les formations post-bac restent ouvertes : cet enseignement supérieur à deux vitesses incarne-t-il vraiment la devise de la République ? Si la lutte contre le virus et la préservation de la santé des personnels comme des étudiants est une priorité, depuis septembre le danger a cependant changé de camp. Car aujourd’hui la première menace sur la santé des étudiants n’est pas la Covid-19, mais d'abord la dépression et la santé mentale. Tous les indicateurs le montrent. Tout cela ne traduit-il pas une méfiance vis-à-vis des universités ? Dès la rentrée, les étudiants et les personnels ont fait preuve, dans leur immense majorité, de responsabilité. Si ce sont les moments de convivialité qui favorisent la contagion, avec le couvre-feu à 18 h et la fermeture des lieux de culture, de convivialité et de sport, on voit mal comment on peut faire davantage ! De remède, l’enseignement à distance pour les étudiants, et le télétravail massif pour les personnels, sont en train de se transformer, insidieusement, en poison. C’est toujours comme cela, dans les traitements médicamenteux : une affaire de dosage. Et là, nous avons dépassé la dose prescrite. Il faut rester humble et modeste. Gouverner dans le brouillard nécessite une conduite prudente et avisée. Notre ministre a déclaré, jeudi 14 janvier, avoir « conscience du découragement des étudiants ». Mais ce qui vient d’être annoncé ne contribue-t-il pas plutôt à accentuer ce découragement ? Nos étudiants sont prisonniers à domicile. Et que dire des personnels enseignants et Biatss, eux aussi gagnés par la lassitude et le découragement ? La création de postes de psychologues est une bonne chose et le tutorat étudiant également. Mais à quoi pourront-ils bien servir si la grande majorité des étudiants reste interdite de campus et les personnels en télétravail ? La Conférence des présidents d'université (CPU) demande à nos gouvernants de faire confiance aux universités et d’oser prendre le risque de faire revenir au plus vite et en grand nombre les étudiants sur nos campus, dans nos amphis et nos salles de cours. Nous serons heureux d’accueillir à partir du 25 janvier, si peu nombreux soient-ils, quelques étudiants de première année de licence en TD. Espérons qu’ils seront les premiers de milliers d’autres, chaudement attendus. Le plus vite possible. Il y a urgence.
Michel Deneken
Administrateur provisoire de l'Université de Strasbourg